La peinture de Yash Godebski pose d’emblée la question du regard : qui regarde, et d’où regarde t-il ?
Peintre voyeur, tapi dans l’ombre, sous un hamac, au-dessus de l’arène, sur la plage arrière d’une voiture, dans le renfoncement d’un toit ou au beau milieu de l’autoroute, il va là où on ne l’attend pas, là où personne ne va, là où il se met en danger : il vole, il rode, il frôle, léger comme un souffle, distant comme le temps, invisible aux hommes qui ne font que passer, accrochant ici ou là un fragment de lumière.
Car c’est là le véritable sujet : la lumière… Comment elle se reflète, comment elle se propage, comment elle apparaît, se décompose, et jette un voile d’étrangeté sur des lieux familiers...
Chez Yash Godebski, la lumière donne le tempo, l’ombre la couleur. Loin du regard humain, loin même de la parole, sa peinture parle du silence, du refuge, d’un temps figé dans l’instant. Au fil de ses voyages et de ses expositions, de New York à Rotterdam, de Paris à Londres, son regard s’est affiné, son travail s’est enrichi, son point de vue s’est imposé comme une signature.
Lucile Vannier.