Changer d’ère
Cette fois si c’est dit,
çà se voit et çà parle sans voix,
Est il question du verbe conjugué ou du plaisir à
l’infinitif, ou encore d’un taff inspiré,
complètement vide à se couper le souffle,
en un rien de temps.
Cela faisait un sacré moment, depuis des années
certainement, en filigrane, en transparence, ressenti
mental ou frustrations multiples,
l’envie était sous jacente, trop belle et timide à la
fois, l’occasion de rendre actuelle et visible ce
souffle-douleur d’une société devenue insupportable
et irrespirable.
Le temps de l’incubation, d’un moteur à combustion et
parfaire une colère à cran.
Une crémaillère sans fin et usée par l’idiotie et
l’aveuglement du néant.
C’est dans cette partie sombre que l’oeil discerne la
matière ou son contraire.
L’isolement est plastique, détonnant, superbe,
étouffant, c’est une bulle hors du monde dans ce
monde privé d’air et de saveurs.
L’illusion puissante.
L’apparence infinie.
Faire le vide se passe de liens, d’étreintes
charnelles et d’aucunes dispositions ni émotions
particulières.
L’absence de l’Essentiel absorbe les paroles, la
diction et l’être tout entier disparaît au profit des
profits. Futilités binaires à se couper de l’autre,
numériquement remarquables et diaboliquement
organisées pour déstabiliser l’esprit.
Le rien autour procède de cette anti-matière, à
normer et formater les choix et les différences, à
anémier les inventions et enfermer toutes les
cellules dans une prison.
La plasticité est incroyablement souple, légère,
presqu’audible voire odorante, l’expression de ce
déjà vu, ici ou quelque part ailleurs, de l’autre
côté des écrans et gadgets inoculés à haut débit dans
un quotidien de morts vivants, un film muet en noir
et blanc sans pellicule ni… développement.
Inspiration aspirante,
Transpiration conspirante,
Changer d’air et - respirer - à la lumière :
Visconti.
Quelle grande pièce !
Texte de Thinh Son Nung